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Someca 1300 1973 N° de série 925001 The first one !

Rencontrer le tout premier exemplaire d'un tracteur de légende, voilà une situation qui n'est pas sans générer une certaine émotion. C'est en Ille-et-Vilaine que Légend'Agri a eu le plaisir d'approcher le tout premier Someca 1300 deux roues motrices. Doté du numéro de série 925001, ce tracteur figurant en couverture du premier catalogue publicitaire consacré à ce modèle n'a jamais changé de mains. Rencontre avec cette « Bête de Som » qui a cumulé pas moins de 30 000 heures de travail. Texte et photos : Guillaume Waegemacker

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Si vous vous intéressez aux Someca, vous vous souvenez très certainement du premier catalogue publicitaire consacré au 1300, dont la couverture était illustrée d'un modèle deux roues motrices saisi en plein labour. La scène se déroule sur les terres de la ferme de la Grande Hacherie, à Chauvigné, en Ille-et-Vilaine. Au volant de ce modèle flambant neuf, nous retrouvons un client Someca de la première heure : Louis Bertin.

Louis Bertin et son 1300 ont fait la couverture du tout premier catalogue publicitaire consacré au 1300. Plus de quarante ans plus tard, ce duo est toujours d'actualité ! 

Un peu plus de quatre décennies plus tard, nous avons retrouvé ce valeureux tandem qui ne s'est en fait jamais séparé. « Mes parents utilisaient déjà des tracteurs de la marque », explique Louis Bertin. Ancien agriculteur et entrepreneur agricole, Louis a fait l'acquisition de ce tout premier exemplaire de 1300 d'une manière fortuite. Explication de texte : « A l'époque, nous avions commandé un 1000 auprès de la succursale du Rheu, qui était la première de France. Le délai de livraison pour un tel tracteur était de l'ordre de deux ans ! Au moment de la réception de notre 1000, le directeur de cette succursale de pointe m'a pris à part dans l'atelier en s'adressant à moi en ces termes « Monsieur Bertin, pouvez-vous nous rendre service ? » Il m'expliqua qu'au niveau du 1000, il rencontrait un sérieux problème. Le nombre de commandes pour ce modèle était largement supérieur au nombre de tracteurs qu'il était en mesure de livrer. Face à cette conjoncture où la demande était nettement supérieure à l'offre, il m'a proposé de renoncer à l'acquisition du 1000 afin de pouvoir servir un autre client....et de me faire acheter un 1300 deux roues motrices dans des conditions avantageuses. Ce dernier étant stocké au sein de la succursale, il m'a été possible de le découvrir sur le champ.» Restait cependant à Louis Bertin à parler du prix, car le 1300 était 50 % plus cher que le 1000 !  « Amortir un tel investissement était quasiment impossible pour une entreprise comme la nôtre, poursuit notre agriculteur, et surtout déraisonnable. Mais, finalement, j'ai fini par me laisser tenter par l'acquisition de ce 1300, en serrant particulièrement le budget. Nous étions des fidèles de la marque. Mes parents ont possédé des Som 35, 55 et 612. Par la suite, notre entreprise a utilisé quatre 750, quatre 1000, dont trois 1000 TD, quatre 900 dont trois 900 TD. La majeure partie de ces tracteurs est d'ailleurs toujours dans nos réserves aujourd'hui. A mon point de vue, ce nid de Someca représente le patrimoine de l'entreprise et je n'envisage absolument pas de m'en séparer, » précise Louis Bertin.

Nom de code 925001 ! Focus sur la plaque constructeur de ce premier exemplaire. En aluminium, elle est fixée en deux points face au siège conducteur.

La séance photo relative au catalogue publicitaire de la marque, l'ami Louis s'en souvient comme si c'était hier. « La firme avait déplacé un photographe. Voilà comment je me suis retrouvé en couverture de ce document publicitaire au volant de mon tracteur ! A l'époque, j'avais tout de même quelques cheveux de plus ! », plaisante notre hôte. Comme les autres Someca ayant œuvré au sein de l'entreprise, ce 1300 a été pieusement conservé. En plus de quarante années de bons et loyaux services, le tracteur a cumulé pas moins de 30 000 heures. Il a cependant bénéficié d'un nouveau moteur en 1983. « Comme vous le savez, la base des goujons de la culasse sont immergés dans l'eau au niveau du bloc moteur. Le second de ces goujons a lâché. Très pris par les activités de mon entreprise, je n'ai pas eu le temps d'assurer une réparation immédiate et digne de ce nom. Le joint de culasse ne tenant plus, j'ai joué au parfait bricoleur en positionnant deux joints de culasse l'un sur l'autre. Cette réparation de fortune a tout de même tenu deux ans avant de parvenir au point de non-retour ! »

 

Louis Bertin a travaillé plus de 30 000 heures au volant de son Someca 1300. Vous l'aurez compris, il est particulièrement attaché à cet exemplaire historique qu'il possède depuis 1973.

A l'occasion du changement de moteur, Louis Bertin en a profité pour offrir une nouvelle peinture à son tracteur. Afin d'être dans le ton de l'époque, la livrée bleue de la partie châssis / moteur / trains roulants a laissé sa place au marron propre aux modèles appartenant à la génération suivante. Néanmoins, les jantes du tracteur ont conservé leur livrée orange originelle, tout comme les différents éléments composant la carrosserie. La cabine a reçu elle aussi un nouveau voile de peinture immaculée sur l'extérieur. En ce qui concerne les différents logos de capot, rappelant la marque du tracteur et son type précis, ils n'ont pas été remplacés mais simplement tracés à la main à la peinture à partir du modèle d'origine. Autre époque autres mœurs... Parmi les autres interventions, signalons le changement du démarreur et un nouveau câblage au niveau d'une partie du schéma électrique au cours des années 80. Le pare-brise a aussi laissé sa place à une pièce en plexiglas. Durement sollicité au cours de la carrière du tracteur, le siège conducteur « super-confort à suspension réglable » a dû être remplacé sur cette même période.

 

Le moteur 6 cylindres du tracteur a été changé au cours des années 80. Ce remplacement a généré une mise en peinture de l'ensemble structurel du tracteur. Le bleu originel a laissé sa place au marron foncé propre aux modèles de la génération suivante. On notera le démarreur a lui aussi été changé sur le fil de la carrière du tracteur.

Ayant plusieurs décennies d'expérience Someca à son actif, Louis nous apporte son point de vue sur le réseau propre à la marque. « Au niveau service après-vente, Someca était vraiment au top. La succursale du Rheu était particulièrement bien achalandée en pièces détachées. Il était rare que le client doive attendre la livraison d'une pièce ou d'un élément. Cela reflète aussi une époque où la mécanisation allait bon train. Lorsque ces établissements ont fermé leurs portes, la relève a été assurée par les établissements Blanchard de L'hermitage, puis par les établissements Delourmel de Noyal-Chatillon. Le suivi et la qualité du service étaient toujours à la hauteur de nos exigences qualitatives, tant chez Blanchard que chez Delourmel. » Et s’il fallait faire une synthèse au niveau de votre Someca 1300, quelles seraient vos impressions mon cher Louis ? « D'une manière générale, je dois avouer que le 1300 était un modèle d'endurance, comme la majeure partie des modèles de la marque d'ailleurs. Un entretien général minutieux d'un point de vue mécanique avec des vidanges et graissages en temps et heure, a joué un rôle très important dans la longévité de ce tracteur et de nos Someca en général. De même, je tiens à préciser que ce tracteur n'a jamais dormi dehors ».

 

Empreintes d'une grande modernité, les formes rectilignes et cubiques du 1300 n'ont pas pris une ride. Par méconnaissance, de nombreux utilisateurs de 1300 ont percé leur réservoir de carburant en actionnant un peu trop  le relevage hydraulique. Laqué de blanc et illustré des logos Someca et 1300, le réservoir domine sur un bloc constitué de quatre prises hydrauliques et d'une cinquième consacrée au freinage. Cet ensemble est complété par une prise électrique. 

« J'ai utilisé le 1300 sur différents fronts. Au labour, il était généralement accompagné d'une charrue Naud quatre corps. De même, il entraînait régulièrement un Rotavator, une presse à balles rondes ou un big baler. Ses principales qualités ? Une endurance et une fiabilité exceptionnelle. De même, sa consommation en carburant était « raisonnable » pour un tracteur de cette envergure. » N'allez pas croire pour autant que le 1300 est exempt de tout défaut. Aussi Louis lui reproche-t-il la faiblesse de son relevage. On notera au passage qu'il s'agit d'une version à cabine basculante, qui nécessite un minimum d'équipement comme le souligne Louis. « Nous avions la chance de disposer d'un portique, ce qui nous permettait d'opérer au basculement de la cabine dans les meilleures conditions. Il arrivait parfois que les utilisateurs d'un tel tracteur basculaient leur cabine au petit bonheur la chance... Je vous laisse imaginer les conséquences ! » Ronronnant comme à son premier jour, cet exemplaire historique coule des jours heureux dans les réserves de l’ETA familiale. « De temps à autre, il m'arrive de faire du broyeur de fossé à son volant, indique Louis. Au cours d'un hiver précédent, il a été utilisé en forêt sur une période de deux mois pour du paquetage de sapins de Noël. » Lorsque l'on interroge Louis Bertin sur l'hypothèse qu'il vienne un jour à restaurer ce 1300 « number one », il nous répond par la négative. « Je me contente de lui assurer un entretien régulier et de le maintenir en parfait état de fonctionnement. Je lui réserve une activité on ne peut plus minimale. Mon objectif est de le conserver tel quel, dans l'état où il a vécu entre nos mains. » Passionné lui aussi, mais très occupé par les activités de l'ETA, son fils Ronan ne dérogera pas à la règle. Bref, le patrimoine du travail est une richesse qui se transmet de génération en génération chez les Bertin....

 

Mille mercis à la famille Bertin pour son accueil et sa disponibilité. Merci également à Pascal Belleguic, ami de longue date de la famille Bertin.

 

 

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